« J’ai grandi entouré de grandes personnes : ma sœur avait 17 ans de plus que moi, mon frère 19. Je fus un enfant d’autant plus choyé que je n’avais pas de compagnon de mon âge. Je n’ai de mes premières années que d’heureux souvenirs ».
« J’ai tout le temps été fasciné par les jeux de la lumière … et du hasard. Comme tout ce qui est dans l’ombre, êtres et choses prennent alors une sorte de dérive proche du rêve, rêve ou cauchemar qui, de l’extase à la peur, entr’ouvent la porte de cette quatrième dimension dans laquelle, sans peut-être vraiment y croire, j’ai toujours vécu. C’est tout cela qui m’a, sans doute, conduit à la photographie ».
Pierre Jahan est né le 9 septembre 1909 à Amboise, s’est installé à Paris en 1933 où il s’est éteint le 21 février 2003 à l’Hôpital Bichat et incinéré au Père Lachaise. Il faisait partie d’une génération de photographes professionnels qui considéraient leur pratique comme un art du plaisir, de la liberté, de la disponibilité.
Après avoir participé à plusieurs expositions d’amateurs, Pierre Jahan vient à Paris pendant l’hiver 1932-1933. Deux rencontres seront décisives pour convaincre définitivement Pierre Jahan de devenir professionnel. Recommandé par un ami, Pierre Jahan fait la connaissance de l’illustrateur Raymond Gid, alors responsable d’une petite agence de publicité. Raymond Gid confiera à Pierre Jahan sa première commande professionnelle pour le compte d’une marque de peinture : en 1933, Pierre Jahan photographiera les ouvriers repeignant la Tour Eiffel. La deuxième rencontre capitale est celle avec le grand photographe Emmanuel Sougez. Alors directeur du service photographique de la revue L’Illustration, Emmanuel Sougez incitera Pierre Jahan de faire de la photographie sa profession. En 1936, Pierre Jahan rejoindra Emmanuel Sougez dans l’aventure du Rectangle, « groupe de praticiens notoires, organisé pour assurer, en même temps que des productions de premier ordre, la défense et la diffusion de la photographie » (E. Sougez).
En 1934, les photographies de Pierre Jahan égrènent les pages de Plaisir de France dont il sera l’un des principaux collaborateurs jusqu’à la fin de la revue en 1974. À la même époque, il commence à exposer avec Ergy Landau, Laure Albin Guillot, François Kollar, Rogi André, Henri Cartier-Bresson, Man Ray … En décembre 1941, Pierre Jahan entreprend un reportage clandestin sur les statues déboulonnées sur ordre de Vichy, pour soutenir l’effort de guerre allemand. A la Libération, ces images inspireront Jean Cocteau et donneront lieu, en 1946, à la 1ère édition de “La mort et les statues” regroupant les photos de Jahan, légendées par Cocteau.
Après l’expérience du Rectangle, Pierre Jahan rejoint le Groupe des XV en 1950 aux côtés notamment de Robert Doisneau, Willy Ronis, René-Jacques. Il s’intitulait alors “illustrateur” ce qui impliquait un rapport étroit au texte, au livre, à la commande, et une certaine modestie. En parallèle, Pierre Jahan entreprend une activité de peintre sous le pseudonyme de “La Noiraie“.
Innombrables sont les ouvrages, revues et supports auxquels Pierre Jahan a apporté sa contribution : itinéraires touristiques et architecturaux, reportages industriels, campagnes publicitaires. Engagé dans la dans la lutte pour la défense des droits des photographes, il crée en 1952 l’association des Photographes publicitaires, puis restera fidèle jusqu’à la fin à l’Union des photographes créateurs.
Ses œuvres majeures se situent aussi bien dans le registre d’une photographie naturellement directe et rayonnante que dans les étrangetés d’une veine surréaliste et fantastique, ou dans les fantaisies récréatives que l’esprit frondeur de Pierre Jahan appliquait, avec une grande liberté d’idées et de style, à des couvertures de livre et à des études publicitaires, son activité essentielle de 1945 à 1960.
La longue carrière de Pierre Jahan reflète un comportement indépendant et même épicurien, et une inlassable curiosité à aborder, avec l’ingénuité et l’humour qu’on lui connaissait, toutes les opportunités de produire des images.
(Indre-et-Loire)
avec l’appareil Brownie Kodak de sa sœur
Premier reportage pour illustrer la marque de peinture des ouvriers qui peignent la Tour Eiffel.
Entre dans l’atelier typographique et publicitaire de Raymond Gid à Paris où il apprend la mise en page, la composition et la typographie.
Photographe indépendant depuis cette date. Commence à photographier Paris de nuit.
Depuis cette date s’est activement occupé de la défense des droits d’auteur. Il sera vice-président de la Société de défense des droits d’auteur des photographes.
Photographie pour le ministère de l’Information des artistes, musiciens, écrivains : Picasso, Braque, Poulenc, Auric, Valéry, Cocteau, Colette.
montrant l’enlèvement des statues de bronze parisiennes pour les Allemands pendant la guerre. Ce sera la 1ère édition de "La mort et les statues".
« La photographie surréaliste en publicité ».
Directeur artistique de la revue Messieurs.
Entre à la Société des artistes décorateurs dont il sera secrétaire puis responsable de la section photographique
notamment pour : les parfums Piguet, la cristallerie Daum, les couverts Ravinet-Denfert, la Porcelaine de Paris, les briquets Dupont, la DS Citroën, etc.
avec notamment Robert Doisneau, Willy Ronis, René-Jacques, il participera à ses expositions ainsi qu’au Salon national.
Présente la 1ère exposition en France de photographies couleurs Kodak.
Il en sera le secrétaire général, puis le président.
A contribué à la fondation de la Fédération française des associations de photographes créateurs (FAPC), qui regroupe les trois associations publicitaires, journalistes et illustrateurs et dont il fut quelque temps vice-président.